Tournesols

Tournesols

vendredi 30 mai 2008

Mots d'adultes

« Ah ! Docteur ! N'oubliez pas de me marquer de l'Effenergan ! » Si vous ne connaissez pas "l'Effenergan", c'est normal. Il n'existe pas… C'est pourtant le médicament préféré d'une de mes vieilles patientes. Il y a longtemps elle consommait du Phénergan®, puis on lui a prescrit de l'Efferalgan®. C'est devenu de l'Effenergan. Je lui prescris donc du Paracétamol effervescent.

Simple non ?

Pour M. Orlando, il ne faut pas oublier le "Bicoque", qu'il prend depuis des années. J'ai beau lui dire chaque mois depuis plus de cinq ans. « Ah oui, Le Symbicort® ! », lui, il continue à prendre du "Bicoque".

J'aimais beaucoup la "Bécotine" de Mme Isaure quand elle venait chercher son Becotide®. Monsieur Leboucher ne s'est jamais rappelé le nom du Sérétide® et l'appelle le "Pschitt pour l'asthme".

Curieusement, Monsieur Louis connait très bien son Soriatane® et son Diprosalic®, mais n'a jamais réussi à mettre en mémoire le Pentasa® qu'il appelle "Saintasa", médicament béni qui lui a soulagé ses maux de ventre.

Les génériques dont le nom est souvent composé du nom de la molécule suivi du nom du laboratoire semblent vraiment difficiles à mémoriser. C'est sûr que se rappeler Dextropropoxyphène-Paracétamol Biogaran® semble largement au-dessus des capacités mémorielles moyennes. Alors pour certains, il est plus simple de demander "du Biogaran" ou "du Merck" ce qui correspond à plusieurs dizaines de produits puisque c'est le nom du labo.

Mais comment font les médecins qui ne tiennent pas de dossier pour leurs patients ?

jeudi 29 mai 2008

Stockholm, la ville à la campagne


Nous avons passé le long week-end du 8 mai à Stockholm. Au printemps, c'est une ville magnifique, colorée. Les habitants sont très sympathiques et parlent pratiquement tous anglais. Stockholm est située sur plusieurs iles et comprend un nombre impressionnant d'espaces verts. Toutes les photos ont été prises à moins de dix kilomètres du centre de cette ville d'un million d'habitants.

dimanche 4 mai 2008

Médecin toujours

Le problème quand vous êtes médecin, c'est que tout le monde est concerné par votre activité. Tout le monde a besoin d'un avis, d'un conseil et a des histoires tout à fait extraordinaires à raconter au sujet de la santé.

Dès que vous êtes étudiant en médecine, vous avez droit lors des repas de famille aux récits de l'opération de la prostate du grand-oncle, aux demandes de conseil sur le régime du papy et histoires de grossesse ou d'allaitement de toute la lignée. Et comme vous êtes médecin (ou presque puisque étudiant la médecine), votre parole prend un poids certain. « C'est V. qui l'a dit, il est médecin ! » Bien sûr, les premières années de médecine apprennent un peu de tout, mais pas vraiment de la médecine, seulement la façon dont le corps fonctionne quand il fonctionne et vous n'y connaissez rien en maladie et en traitement qui ne sont abordées qu'au bout de quelques années. Alors le traitement de la sclérose en plaque ou la nutrition du nourrisson diabétique, ça vous dépasse un peu. Du coup, il m'est arrivé, quand les gens ne me connaissaient pas de ne pas dire quel était mon métier, pour pouvoir passer un repas en paix en racontant des conneries.

Ensuite, la médecine devient votre métier, mais aussi votre vie. Il faut avoir vécu le « Y-a-t-il un médecin dans le train…, la salle…, l'avion…» pour comprendre que c'est un des rares métiers ou vous pouvez toujours et n'importe où devenir subitement indispensable. Les dresseurs de puces souffrent beaucoup moins du problème. Vous êtes en vacances, détendu, la tête pleine de soleil et tout à coup vous replongez dans le drame et la souffrance.

Repas au Flunch avec mes filles. Comme d'habitude, l'une d'entre elle veut aller faire pipi. Quand vous avez des filles, vous connaissez toutes les toilettes dans un rayon de cinquante kilomètres autour de chez vous. Je l'accompagne et que vois-je dans les toilettes ? Une personne affalée près du lavabo, franchement palichote et franchement en train de se pâmer. Je reconnais rapidement une hypoglycémie, va chercher sucre, eau et gâteaux et remet la dame sur pied. Ma fille a eu le temps de pisser et nous avons mangé froid.

Retour de la mer, sur une petite route à une vingtaine de kilomètres de mon chez moi. Je découvre au détour d'un virage, deux voitures encore fumantes qui se sont manifestement rencontrées assez brutalement. Pendant que ma femme fait la circulation, je vais voir les victimes, puis j'appelle les secours. Les pompiers arrivent et me voilà en train de poser des perfusions et autres colifichets. Au bout d'un moment je m'inquiète de l'arrivée du médecin du coin et les pompiers me disent : « Nous ne l'avons pas appelé, puisque vous y étiez ! ». Eh ! les mecs ! Je suis en vacances !!

Vous allez chercher votre journal. Vous attendez dans la queue pour payer et Mme Machin qui vous dit : « Ah ! Docteur, puisque je vous vois, je ne veux pas vous déranger, mais pourriez-vous me donner un rendez-vous pour demain ? » ("C'est ça, tu crois que j'ai appris mon agenda par cœur avant de sortir")
« Ah ! Docteur, je ne veux pas vous déranger quand vous buvez votre café, mais avez-vous reçu les résultats des analyses ? » ("Quelles analyses ? Qui c'est ce type ? Je le connais ?")
« Tiens, toi qui est médecin, tu peux me regarder l'épaule avant le match de foot, elle me fait mal depuis trois mois("Toi qui est garagiste, tu peux me faire la vidange de la moto vite fait ?")

Ceux qui me connaissent le savent et je leur dis : « Quand on veut parler au médecin, on va au cabinet médical. La médecine se fait dans un cabinet médical, comme la menuiserie se fait dans un atelier et pas dans une cuisine. »