Tournesols

Tournesols

mercredi 27 février 2008

Dépression chez les anti-dépresseurs

Une étude anglaise reprenant toutes les études faites sur les antidépresseurs (Prozac®, Déroxat®, etc.) arrive à la conclusion que ces médicaments ne sont pas vraiment efficaces pour les dépressions légères. C’est d’ailleurs ce que dit depuis longtemps notre Afssaps. Mais à quoi servent-ils donc ?

Nous savons déjà qu’ils provoquent d’avantage de suicide chez l’adolescent et l’adulte jeune (avant 24 ans). Ils n’ont jamais démontré qu’ils diminuaient le nombre de suicide chez les autres. Il est facile de constater que l’augmentation, que dis-je, la multiplication des prescriptions n’a pas amené une diminution du nombre de suicidés, que ce soit en France ou ailleurs.

Par contre, ils soulagent les gens en diminuant la souffrance terrible des dépressifs sévères. C’est déjà pas mal. Mais ce n’est pas une raison pour les prescrire dès la plus petite « déprime ».

Nous n’avons plus le droit d’être triste ?

mercredi 13 février 2008

Téléphone en folie

Cette semaine, j’ai eu quelques coups de téléphone un peu inhabituels.
« Allô ! Vous reste-t-il des tractopelles en location pour le mois prochain ? »
Il devait croire que je m’en servais pour déboucher les oreilles ou creuser le trou de la Sécu.

« Docteur, mon mari est hospitalisé dans votre service et on ne veut pas lui installer le téléphone ! »
« Il suffit de le demander pour qu’on lui branche une ligne ! »
« Oui, mais il ne le demande pas et je ne peux pas lui téléphoner pour lui dire de le demander ! »
Nos professeurs d’université ne nous ont pas appris à résoudre ce genre de problème.

« Docteur, il me faudrait l’adresse de l’association de défense des diabétiques. »
???
« Vous comprenez, la voisine ne fait rien que m’embêter et vient me harceler dans ma vigne, alors j’aimerais me faire défendre par cette association. »
Il m’a fallu un petit moment pour le convaincre que ce genre d’association n’existait pas. Que l’association des diabétiques s’occupait plutôt du diabète que du harcèlement des voisines.

« Allô ! L’abattoir ? »
« J’espère que vous vous êtes trompé de numéro !!! »

Je hais le téléphone qui permet à n’importe qui, pour n’importe quoi, de m’interrompre au milieu de mon travail.

Une fois lors d’un remplacement :
« Allô, Docteur ! J’aimerais savoir si le Crédit Agricole, en face, il est ouvert ! »

mardi 5 février 2008

Vous pouvez vous rhabillez

« Vous pouvez vous rhabiller ! »
Cette petite phrase anodine est souvent le début d'un long intermède plus ou moins cocasse. Si le déshabillage est parfois long et pénible, le rhabillage est souvent interminable.

Les hommes, en particulier ont le chic pour venir chez le médecin avec des chemises raides neuves avec de tout petits boutons, plein de tout petits boutons. Avec de gros et vieux doigts d'agriculteurs, c'est sportif. Surtout le dernier bouton du col. C'est qu'il faut TOUS les boutonner, boutons des manchettes compris.

Un de mes patients met sept minutes pour se rhabiller. C'est inéluctable, inévitable et incompressible. C'est toujours sept minutes. J'ai bien essayé de l'aider, mais ça le perturbe. Il s'est déshabillé avec méthode, ne gardant que son maillot de corps et son pantalon dégrafé. Il commence par enfiler sa chemise ; un bras, puis l'autre bras, puis il attaque les boutons. Pendant ce temps, je fais autre chose. Je classe mon courrier, je lis quelques blogues. J'ai essayé de lui parler, mais dans ce cas IL S'ARRETE. Je le surveille du coin de l'œil pour éviter qu'il ne s'aperçoive en fin de boutonnage qu'il a tout décalé d'un cran et qu'il faut tout reprendre à zéro.
La chemise boutonnée est rentrée laborieusement dans le pantalon, la ceinture doit être bien sûr serrée à bloc. Le pull over est un peu plus facile à enfiler. Il met alors sa veste, fouille dans la poche intérieure pour sortir son chéquier, sort son stylo d'une deuxième poche et compose son chèque avec application. Il y a tout : la date, le nom complet du Docteur, tout. Puis il plie l'ordonnance que je viens de lui faire,… en quatre, et essaye de la rentrer dans une poche extérieure de la veste qui n'a manifestement pas été conçue assez grande. Il insiste et après quelques contorsions arrive à la faire rentrer. Il remet son chèque dans sa poche intérieure, referme sa veste qui a aussi son lot de boutons, puis ajuste la ceinture qui serre la taille de cette fichue veste. Et là, enfin, il peut sortir du cabinet. Sept minutes ! Pour un striptease de Carla Bruni, c'est court, pour le rhabillage d'un monsieur, c'est très très long.

Et il pourrait avoir un chapeau !