Tournesols

Tournesols

samedi 15 décembre 2007

Labos pas bô ?

Des collègues me font souvent la réflexion : « Ah ! Toi, tu es contre les labos ! ». Ce qui a le don de m'énerver positivement. Je n'ai rien contre "les labos". Ils sont nécessaires pour fabriquer des médicaments qui vont soigner mes patients. Par contre, je ne comprends pas mes collègues qui semblent croire que les firmes pharmaceutiques font des médicaments pour le bien de l'humanité, pour que les gens vivent plus vieux et en meilleure santé. C'est un peu comme si les mamans croyaient que Mattel® fait des poupées Barbies pour éduquer les enfants.

Les firmes pharmaceutiques font des médicaments pour les vendre. C'est tout. C'est leur but et leur raison d'exister. Et ils emploient tous les moyens (et ils en ont beaucoup) pour le faire. Ils ont réussi au fil des décennies à créer une dépendance de la part des médecins. Dès les premières années de médecine, les étudiants sont sollicités. Ils prennent l'habitude de recevoir des collations, des livres. Et ils prennent l'habitude d'aller demander "aux labos" quand ils ont besoin d'organiser une fête ou une thèse.

Il n'y a même plus besoin d'offrir des congrès aux Seychelles, l'habitude est prise. D'ailleurs, sous des prétextes éthiques, ils ont largement diminué leurs cadeaux divers : moins de voyages, plus d'échantillons, moins de gadgets couteux, moins d'achats de prescriptions déguisés en "études cliniques". Ils savent que la "reconnaissance" du médecin n'est pas proportionnelle à l'importance du cadeau. Au contraire, quand vous achetez franchement quelqu'un, il vous en donne pour votre argent, mais pas plus. Un petit cadeau crée un lien plus solide et le médecin n'a pas l'impression de pouvoir être influencé en recevant un stylo ou des post-its.

Bon, maintenant je pars en vacances jusqu'à Noël. En attendant, je vous recommande quelques lectures pour comprendre et aller plus loin :
Petit Traité de Manipulation à l'intention des honnêtes gens : un grand classique
150 petites expériences de psychologie pour mieux comprendre nos semblables
Patients si vous saviez ! : la journée d'un médecin généraliste
La constance du jardinier : un roman qui est malheureusement plus vrai que vrai.

Bonne fêtes à tous !

mercredi 12 décembre 2007

Gardasil lou arnaque !

Le vaccin contre le cancer ! C'était beau ! Quel slogan ! Mais qu'y-a-t-il derrière le slogan ?
Beaucoup de vent ! Avant le col de l'utérus, il a du mal à passer les cols des Pyrénées.
Encore le Formindep

Les cotisations par chèque sont acceptées !

lundi 10 décembre 2007

Le Canada contre l'Avandia

Les Canadiens commencent à réagir au scandale Avandia. D'habitude les instances françaises mettent deux ans avant de prendre ce genre de décision (qui me semble insuffisante).

Cette histoire me touche particulièrement. En effet, nous ne donnons pas des médicaments aux diabétiques pour faire baisser leur "sucre" dans le sang, mais pour éviter les complications du diabète et en particulier les complications cardiovasculaires. Comment expliquer à un patient que le médicament provoquait ce que l'on voulait éviter ? Comment lui expliquer que les études ne sont JAMAIS faites correctement pour des raisons financières ?

dimanche 9 décembre 2007

L'œil rouge du malheur

J’ai connu Firmin Lestrampe quand il était pompier. C’est un petit homme discret qui ne parle pas beaucoup. Effacé, timide, ou peut-être n’ayant pas grand-chose à dire. Il a l’air d’approuver ce que vous dites, ce qui le rend sympathique. Depuis sa retraite, il fait du bénévolat à la Croix Rouge et chante dans une chorale. Quand il arrive ce jour-là dans mon cabinet, il a un œil rouge. Il n’a pas très mal, mais il n’y voit pas bien et je l'envoie rapidement chez un ophtalmologiste.

Quelques jours plus tard, le radiologue m’appelle. Quand il appelle, le radiologue, ce n’est jamais bon signe. C’est qu’il a trouvé un truc compliqué ou grave. Mais ce n’est jamais pour me dire que tout va bien.
- Je viens de voir M. Lestrampe pour une radio des poumons. Il y a un magnifique « lâcher de ballons ».
Le langage médical est souvent poétique et imagé. En dehors d’expressions absconses et plus ou moins latines, nous avons aussi une foultitude d'« urines porto », de « crépitants neigeux des bases », de « foie marronné ». Le « lâcher de ballons », ce n’est pas bon ! Le radiologue a vu dans les poumons des "taches" rondes dispersées dans tout le poumon… des métastases.

Quand M. Lestrampe revient me voir avec sa radio, je ne sais pas trop par quel bout le prendre. Il est là, l’air confiant, toujours avec son œil rouge, attendant que je lui dise que faire. L’ophtalmo lui a aussi fait faire une prise de sang en plus de la radio.

- Pour l’œil, ça va mieux ! Je dois aller revoir l'« oculiste » à la fin de la semaine.
- Non, je ne suis pas fatigué. J’ai fait mon tour du lac ce matin, comme d’habitude.
- Non, je ne crois pas avoir maigri. Tout va bien.

Le médecin, lui, ne se sent pas très bien. Dans les films américains, le docteur prend un air compatissant derrière sa blouse blanche et balance : « Vous êtes gravement malade. Vous en avez pour six mois. Au revoir Monsieur ! » Le docteur d’ici, il dit : « Il y a une image bizarre à la radio, il faut que je vous envoie faire un scanner. C’est peut-être grave. Il faut voir ».

Le scanner n’est pas bon non plus. Sa plèvre, l’enveloppe qui entoure ses poumons, est farcie de nodules. C’est à ce moment que j’apprends qu’il a travaillé avec de l’amiante pendant des années. Bon là, au moins c’est simple. Il n’y a aucun traitement. Comme dirait Germaine qui a des proverbes venus d’ailleurs : « Quand il y a du malheur, ne comptez pas sur le beurre ! »

Et M. Lestrampe qui n’a toujours pas l’air de réaliser qu’il est malade, qu’il est mourant.

J’ai une discussion surréaliste avec sa femme que je ne connais pas et qui me téléphone pour me demander, si ça va durer longtemps tous ces allers-retours, qu’il n’y a personne pour le conduire, alors il prend un taxi et ça coûte cher et que son œil, il ne va pas mieux. Impossible d’en placer une.

Quelques jours plus tard, le pneumologue m’appelle (c’est pas bon signe non plus) pour me dire qu’il est allé voir la plèvre, qu’il y a des nodules partout et qu’il a fait un prélèvement pour connaître la nature du mal. En attendant les résultats, je revois M. Lestrampe qui a l’air vaguement inquiet et fataliste, mais sans plus. J’ai demandé le « cent pour cent » à la Sécu en urgence pour qu’il puisse se faire rembourser les taxis. Le médecin-conseil lui a accordé sans problème quand il a eu le résultat des radios et du scanner. Il est content. En discutant, j’apprends qu’il a deux enfants, mais « qu’ils ne se parlent plus ».

C’est dingue, je m’aperçois que je ne connaissais rien de sa vie. En dehors du chant et des pompiers, il ne m’avait jamais parlé de rien. Il me regarde, avec son œil rouge, et ne semble pas concerné par ce qui lui arrive. Pas curieux.
Je croyais le connaître. Ce que je prenais pour une écoute attentive et approbative n’était que passivité et indifférence. En fait, il ne comprend pas grand-chose à ce qui se passe et il se laisse porter par la vie. Il ne me laisse toujours aucun moyen de lui faire passer le message qu’il a certainement quelque chose de grave. Alors, j’attends !

Quelle surprise en lisant les résultats des prélèvements ! Ce sont des lésions bénignes ! Ce n’est pas un cancer. Ça avait l’aspect du cancer, le goût du cancer, mais ce n’étaient rien que des nodules fibreux. J’avais envie de sauter de joie, de chanter.

M. Lestrampe a pris l’annonce avec détachement. « Ce qui doit arriver, doit arriver ! »

Son œil est resté rouge quelques semaines encore et tout est rentré dans l’ordre.

dimanche 2 décembre 2007

Avandia, un nouveau Vioxx !!

Encore une triste histoire d'un médicament mal étudié, dangereux et ne servant pas à grand chose. Il n'y a plus grand monde en face des labos, si ce n'est des petits groupes de médecins et d'usagers bien limités. 83000 crises cardiaques ! Combien de drames, de morts ?
Soutenez le FORMINDEP dans son combat !