Tournesols

Tournesols

lundi 28 janvier 2008

Une touche de Destouches sur le paiement à l'acte

“La médecine, c’est ingrat. Quand on se fait honorer par les riches, on a l’air d’un larbin, par les pauvres on a tout du voleur. Des “honoraires” ? En voilà un mot ! Ils n’en ont déjà pas assez pour bouffer et aller au cinéma les malades, faut-il encore leur en prendre du pognon pour faire des “honoraires” avec ? Surtout dans le moment juste où ils tournent de l’œil. C’est pas commode. On laisse aller. Et on coule.”

Céline L.-F. “Voyage au bout de la nuit” - Gallimard 1932

samedi 26 janvier 2008

Besoin pressant sans se presser

La campagne est belle, même l’hiver. Les nuées du brouillard qui estompent les vallées, le jeune orge qui pousse et propose ses champs verts brillant dans le soleil rasant de l’hiver. Les arbres sont dénudés découvrant les oiseaux ; le vol oscillant du pic-vert, les embardées désordonnées des moineaux, l’éclair jaune du chardonneret qui prend son vol. Parfois un grand rapace vous fait l'honneur de vous proposer ses trajectoires majestueuses.

Alors, les besoins pressants qui sont parfois si gênants en consultation deviennent une bénédiction lors des visites à domicile. Vous êtes obligés de vous arrêter, de stopper la voiture, d’arrêter le moteur. Vous avez bien entendu choisi un coin dégagé avec un arbre ad hoc. Et là, le plaisir de vous soulager se mêle au plaisir de la vue. Le bruissement du liquide qui tombe au pied de l’arbre s’accorde avec les aboiements au loin du chien de la ferme, des caquètements des poules et du ronronnement lointain de la circulation sur la route que vous voyez serpenter à l’horizon brumeux. Les Pyrénées sont là, immuables et toujours changeants dans le blanc et le gris.

Puis vous remontez dans la voiture, redémarrez le moteur. L’autoradio égrène sa litanie de catastrophes et de problèmes sociaux. Vous reprenez la route et la chevauchée perpétuelle de votre vie trépidante.

C’était bien !

vendredi 18 janvier 2008

Contre le cholestérol, mais contre les artères

Après le médicament pour le diabète qui provoque des crises cardiaques, le médicament contre le cholestérol qui bouche les artères. Mais où s'arrêteront-ils ? C'est ça le progrès thérapeutique ?

C'est par là !

Je précise, suite au commentaire de Lawrence, que cette étude n'est pas définitive et ne prouve pas grand chose dans un sens comme dans l'autre. Mais qu'il n'y a aujourd'hui aucune preuve d'efficacité réelle sur l'efficacité de ce produit à protéger les patients et qu'il est donc largement prescrit sans que nous sachions s'il évite plus de complications qu'il n'en provoque.

En janvier 2008, il n'est pas recommandé de prescrire EZETROL et INEGY dans la prévention des risques cardio-vasculaires.

lundi 14 janvier 2008

L'ophtalmo ne travaille pas à l'œil

Compromission, lâcheté, mesquinerie, corporatisme, vous retrouverez tout ça dans cette histoire.
Pour une vingtaine d'euros en plus.

Quelle tristesse !

vendredi 11 janvier 2008

Habillé pour l'hiver

En France, nous sommes souvent fiers de notre système de santé, qui a même été déclaré à un moment "le meilleur du monde". Le système anglais sert le plus souvent de repoussoir avec ses délais d’attente, l’absence de choix du médecin par le patient et les consultations qui ne durent que cinq minutes.

Il faut dire que le médecin généraliste anglais travaille dans des conditions tout à fait différentes de celui de son homologue français. Il gère une véritable petite clinique avec infirmières, secrétariat et tout le toutim. Dans ses "cinq minutes", il n’a pas à se préoccuper de la paperasse, des prises de rendez-vous et de la facturation de l’acte.

Il n’a pas, non plus, à demander la Carte Vitale qui est, bien sûr au fond du sac de la dame. Ah non ! Elle n’y était pas. Elle était dans le porte-cartes. Ah non ! Ça c’est la carte de réduction à Shopi. Et elle tend enfin… sa carte bancaire.
« Pourtant je l’avais préparée ! » Devant le temps perdu en fouilles quasi archéologiques, à la recherche du Plastique Vert, j’ai mis une affiche depuis longtemps pour demander de "PRÉPARER sa Carte Vitale". Ce qui n’a eu aucun effet. Il y a ceux qui ne lisent pas les affiches, ceux qui s’en fichent, ceux qui ont sorti la carte du portefeuille pour la mettre dans une poche de la veste, mais qui ne se rappellent plus dans quelle poche, ceux qui disent qu’ils ont "préparé", alors que la carte est toujours dans le porte-cartes au fond du sac, sous les mouchoirs, les clefs, l’ancienne ordonnance, la liste des courses et deux ratons laveurs. Pour ces derniers, "préparer" doit correspondre à un rite vaudou ou autre préparation psychologique avant de rentrer dans le cabinet.

Le médecin anglais n’a pas non plus à assister aux déshabillages et rhabillages. Les patients sont livrés déjà conditionnés.
Pour le déshabillage, tout commence souvent par un marchandage. Il faut savoir, que je demande toujours à mes patients de se déshabiller, c’est-à-dire enlever systématiquement le haut sauf le dernier sous-vêtement et le bas, si nécessaire. Et bien, depuis quinze ans, certains patients me demandent systématiquement. « Et en remontant la manche, ça suffit pas ? » « Non, ça suffit pas ! Je n’ai pas mis ma super vision X ce matin pour voir à travers les habits et j’ai oublié mon super-stéthoscope à tête chercheuse qui peut se glisser dans le bas du dos en partant du col sans se perdre entre deux "Thermolactyl" ou rester accroché à une bretelle de soutien-gorge.

Donc, ils enlèvent une couche, s’arrêtent : « J’en enlève encore ? ». Une autre couche : « J’en enlève encore ? ». Ils arrivent à me faire craquer à la troisième couche. Je me rappelle une vieille dame qui vivait dans une ferme chauffée uniquement à la cheminée (mais on laisse la fenêtre entrouverte pour pas qu’elle fume !), et qui était recouverte d’une superposition invraisemblable de vêtements. Je finissais toujours par caler sur un sous-pull orange à col roulé que je ne suis jamais arrivé à lui faire enlever. C’était la troisième couche l’été et la cinquième l’hiver. Il en restait encore trois ou quatre dessous. Heureusement, que je pensais à amener mon stéthoscope à tête chercheuse.

Il y a aussi les pudiques petites demoiselles de quatorze ans, vêtues ou plutôt dévêtues comme des Lolitas, mais qui ne veulent pas soulever le T-shirt moulant qui laisse deviner leurs bourgeons naissants.
Il y a la dame qui sort du coiffeur et ne veut pas abîmer sa mise en pli.
Il y celui qui a tellement d’arthrose qu’il ne peut pas se déshabiller tout seul.
Il y a celui qui a un maillot de corps sale et qui ne veut pas le montrer.
Il y a celui qui se déshabille entièrement pour un simple mal de gorge.
Il y a celui qui a mis sa nouvelle chemise avec 235 boutons.
Etc., etc.,

Et je ne vous parle pas du rhabillage !

lundi 7 janvier 2008

Recadrage sans débordement

« Docteur ! Ce que vous me donnez là, ça va me faire du bien ? »
« Non, je vous le donne pour vous empoisonner et parce que je touche un pourcentage du pharmacien ! »
Avant, j'avais envie de le dire, mais j'essayais d'expliquer. Maintenant, je le dis ; avec un grand sourire ou un air faussement sérieux et c'est diantrement plus efficace. J'entends de moins en moins ce genre de réflexion.

Dans le même genre :
« Docteur ! Donnez-moi quelque chose d'efficace ! »
« Ah non alors ! Je préfère que vous reveniez plusieurs fois pour rien. Ça me permet de payer mes impôts ! »

mardi 1 janvier 2008

Nouvel an



En attendant que le soleil se montre en France, je suis allé le chercher dans les îles.
D'autres photos.